Vous connaissez Sydney ? Oui oui, la ville des jeux olympiques, le pays des kangourous... Non, ce n'est pas la capitale de l'Australie, mais c'est une grande ville. Ou je veux en venir ? Eh bien, le 14 mars 1990, c'est là-bas que je vis le jour. Intéressant, n'est-ce pas ? Je fus le deuxième fils de la lignée des Mahone, ayant un grand frère de 3 ans mon aîné. Il s'appelait Adam. Mes parents, comme vous avez pu le constater, étaient des gens très croyants. C'est pourquoi ils nous nommèrent comme dans la Bible. Ézéchiel... Je dois avouer que je n'ai jamais trop aimé ce nom. Ca sonnait trop ancien... J'ai très vite préféré que l'on me nomme Azriel, qui était un peu moins connu, et qui sonnait mieux.

Ma jeunesse n'eut rien de bien marquante. J'étais un garçon comme les autres. J'aimais le foot, les grosses voitures, le catch même parfois. Mes résultats scolaires étaient plutôt moyens. Il faut dire que je me servais de mes faciliter, n'apprenant pas mes cours. Pour ce qui est des croyances, je dois dire que ça me tenait à cœur. Pas au point d'en faire toute ma vie, mais je croyais vraiment que Dieu, la Paradis, Satan... existaient. A chaque repas, on souhaitait le bénédicité, on allait à la messe le dimanche, je fis ma communion... Bref, je pense que vous voyez le tableau.


L'époque marquante de ma vie se passa lorsque j'avais 14 ans. Je me souviens encore que je venais de muer. Un gars de mon collège, Antonio, ne pouvait pas me voir car la fille qu'il aimait sortait avec moi. Les histoires banales quoi. Le fait est, qu'un jour, il vint me choper après les cours, avec des potes à lui. Il me menaça, me frappa même. J'eus alors la folle idée, que si et ses amis étaient morts, ça serait pas plus mal. Et c'est ce qui se produisit dans la seconde. Sans crier gare, ils s'écroulèrent au sol, mort. Avec un hoquet de surprise et de frayeur, je détalai pour me cloîtrer dans ma chambre.

Je n'ai pas tout de suite très bien compris ce qui était arrivé. Dans tous les cas, j'étais tellement sous le choc que je passai deux jours enfermé dans ma chambre, à pleurer encore et encore. La culpabilité me rongeait, j'étais sûr que leurs morts étaient de ma faute. Je braillai à travers la porte que l'on fasse venir le curé de la ville, ce qui fut fait. Je me confessai, à genoux devant lui, les yeux bouffis et les cernes marquées. Je n'arrivai plus à fermer l'œil de la nuit. La seule chose qu'il me dit, après avoir écouté mon histoire, fut : Mon petit, ce qui se passe est très grave. Il se leva, fit un signe de croix, et partit. Je fus décontenancé en voyant cette réaction, et blessé qu'il ne trouve pas de solution. Il avait la main sur la poignet de porte lorsqu'il se mit à s'étouffer, se tenant les mains au niveau du cou, les yeux exorbités. Je mis du temps à comprendre qu'il était en train de s'étouffer. Sauf que rien ne le tenait. C'était vraiment à n'y rien comprendre. J'entendis ses râles et me cachai sous les draps, plaquant les mains sur mes oreilles et criant que tout cela cesse. En effet, cela finit par cesser. Lorsque j'émergeai de sous la couette, le curé était mort.

Mes parents, alertés par les bruits et par l'absence de réponse, finirent par entrée. Le spectacle qu'ils virent les horrifia, et ma mère s'étala, inconsciente. Pendant un instant, je crus qu'elle aussi était morte. Mais voir soulever sa poitrine me rassura. Compte tenu des évènements, mes parents décidèrent de m'envoyer en hôpital psychiatrique. Finalement, c'était peut-être pas plus mal. J'étais encore trop choqué de ce qu'il venait de se passer pour reprendre une vie normale. Et quand bien même j'oubliais, comment faire en sachant que j'étais devenu un véritable monstre ?!

Un an s'écoula. Dans ma petite chambre blanche, j'étais bien. J'avais fini par me plus pleurer en pensant à tous ces morts, à ne plus appeler Dieu en aide. Dieu ne viendrait pas m'aider. Personne ne pouvait m'aider. Les incidents ne survinrent plus, et j'en vins à croire que finalement, ce n'avait été qu'une mauvaise passe. Voyant que plus rien ne me retenait ici, les médecins me renvoyèrent chez moi.

Je vis avec stupeur la réputation que les gens de mon âge avait de moi. J'étais devenu le fou qui revenait de l'asile. Personne ne savait trop pourquoi, et les rumeurs affluaient. Le clame et la sérénité que j'avais gardé jusque là se brisèrent. Je fus blessé, à nouveau. Et ce que je redoutais le pire recommença. Certes, je ne souhaitais plus leur mort, mais je voulais qu'ils aient mal, autant que moi je souffrais. Un groupe d'élèves se mit donc à se tordre de douleur, certain saignant du nez, d'autres des oreilles ou même de la bouche. Heureusement, je ne sais trop comment, je réussis à stopper le processus de morts. Les élèves eurent donc très vite peur de moi.

Mes parents décidèrent de déménager en Amérique sous mes plaintes. La vie en Australie, je ne pouvais la supporter d'avantage. Il fallait que je recommence à zéro. Ma famille ne savait pas pour mon don, ils pensaient simplement que j'étais un peu perturbé.

Washington. Une ville qui ne ressemblait en rien à mon Sydney. Mais ça me faisait du bien. Au fil des années, je pris l'habitude de ne côtoyer personne, d'éviter les contacts physiques. Je venais en cours, et puis je repartais. Je n'adressai que rarement la parole, ou que lorsque j'étais obligé. Il m'arrivait de converser avec quelqu'un d'autre, un étudiant, mais pas plus. Au moindre faux pas, cela pouvait leur coûtait la vie, ou du moins des souffrances inutiles. J'étais souvent nerveux, affolé. Les gens ne voulaient pas vraiment me parler.

Je découvris mon don d'aléakinésie, après plusieurs coups de chance, et au contraire de malchance. Un jour, je trouvais près de 1 000$ dans la rue en l'espace de 24h. C'était incroyable, et cela me mit la puce à l'oreille. Le lendemain, mon réveil ne sonnait pas, la douche était froide, mon bus était déjà passé, et le métro tombait en panne, bref, la poisse. Je finis donc par me faire une raison, et penser que tout cela était lié à mon premier don -don qui se manifestait toujours, mais rarement. Jamais je ne tuai quelqu'un d'autre. Par contre les souffrances... On ne peut pas en dire autant- . Je fis des recherches dans les bibliothèques. Un humain doté de dons, j'appelais ça un sorcier. Je finis donc par le considérer comme tel. Ou alors une anomalie génétique. Étais-je le seul ? Je ne savais pas. Dans tous les cas, jamais je ne croisa quelqu'un comme moi. Tous étaient humains, et je les enviais. Tous.

Un week-end, mes parents, mon frère et moi devions partir camper dans les montagnes, comme on le faisait chaque année. Ce rendez-vous annuel ne m'enchantait guère -la crainte qu'il se passe une catastrophe étant omniprésente- mais je n'avais pas le choix. Je pris ma voiture, ainsi que de quoi camper et des affaires, et je partis. Je me perdis sur le chemin, je l'avoue. De plus, j'avais fait d'affreux cauchemars ces dernières nuits, et le sommeil m'assommait. C'est d'ailleurs ce qui fut la cause de mon embardée et de la collision frontale qu'il y eut avec un arbre. Je m'étais assoupi et avais perdu le contrôle du véhicule.

La voiture était hors d'usage, et un village du nom de Bodie juste à côté. Je partis donc voir si quelqu'un pouvait m'aider à réparer ma voiture, ou faire quelque chose pour que je reprenne la route. Et mon don d'aléakinésie ne laissant rien au hasard, je fus coincé là-bas. Quelle merde !